26.
Créatures inférieures

Quand la météo était clémente, en regardant vers le nord-ouest par-dessus le quartier des Usines depuis la pièce jonchée de débris nichée au dernier étage circulaire du bâtiment de LiMerge, Maul apercevait tout juste l’élégante tour centrale du Temple Jedi qui s’élançait vers le ciel. Comme son Maître était en route pour Eriadu, où il devait assister à un sommet convoqué par Sidious lui-même, le Zabrak avait pris l’habitude de monter dans la partie circulaire en haut du bâtiment une fois par jour au moins et, électrojumelles en main, d’observer la tour au loin dans l’espoir d’apercevoir un Jedi. Mais cela n’était pas encore arrivé.

Si des Jedi étaient présents, ils devaient être en pleine contemplation, comme Maul aurait dû l’être également. Ou en train de travailler à la speeder moto aux courbes gracieuses qu’il avait baptisée le Bloodfin, ou occupé à fignoler son droïde appelé C-P3X, voire de parfaire sa manipulation du lanceur de projectiles monté au poignet, le lanvarok. Dark Sidious aurait préféré qu’il se consacre à l’une de ces tâches plutôt que d’observer la haute tour ornée d’un aileron et de rêver au jour où il pourrait enfin affronter un Maître Jedi. Mais depuis son retour de Dorvalla quelques semaines plus tôt, Maul était trop agité pour s’asseoir jambes croisées sur le sol et s’immerger dans le flux du Côté Obscur ou pour se plonger dans les schémas de droïde sonde que Dark Sidious lui avait fournis avant de partir.

Quand Maul repensait au séjour sur Dorvalla, il ne se focalisait pas sur les assassinats dont il s’était chargé. Il avait tué bon nombre d’individus au cours de sa courte vie et rien ne distinguait les morts de Patch Bruit, de Caba’Zan et de quelques autres personnes mêlées à l’extraction de lommite de tous les assassinats précédents. En réalité, la négligence des mineurs aurait dû les condamner à une mort lente plutôt qu’à la fin rapide que Maul leur avait offerte. Non, il repensait plutôt au sentiment d’appartenance que les missions lui avaient procuré. Il avait non seulement pu exploiter ses talents de discrétion, de pistage et de combat, mais il les avait surtout utilisés pour l’avancée du Grand Plan Sith, ce qui n’avait pas été le cas pendant ses années de formation sur Orsis ni lors des incursions que Dark Sidious l’avait autorisé à mener sur d’autres planètes. À son retour sur Coruscant, le Seigneur Noir l’avait félicité. Cela aurait dû être une récompense suffisante et ça l’aurait sans doute été si la mission avait débouché sur une autre. Mais Dark Sidious n’avait pas voulu qu’il participe à l’expédition sur Eriadu et s’était montré très vague au sujet de projets futurs.

Grâce à l’intervention de Maul sur Dorvalla, Lommite Limited et Intergalactic Ore avaient fusionné et la Fédération du Commerce en avait repris le contrôle. Cela avait aussi permis la nomination de Nute Gunray, devenu l’un des sept membres du directoire de la Fédération. Au cours de conversations ultérieures avec le Vice-Roi, Dark Sidious avait exigé que les Neimoidiens sacrifient l’un de leurs transports de type Lucre-hulk, ainsi qu’une cargaison de lingots d’aurodium, afin de financer un groupe d’insurgés, le Front Nebula. Maul n’avait pas bien compris pourquoi son Maître avait décidé de se révéler au chef du groupe, comme il l’avait fait lors de sa conversation initiale avec Gunray. Le Zabrak avait ensuite été consterné d’apprendre que le chef – un humain appelé Havac – avait trahi Dark Sidious en essayant d’assassiner le Chancelier Suprême Valorum sur Coruscant. Son Maître pouvait donc être dupé : il n’était pas infaillible. Cette révélation avait eu un effet curieux sur Maul. Cela avait déclenché en lui un malaise et une inquiétude soudaine pour la sécurité de son Maître. Sa capacité à calmer son esprit et à trouver du réconfort dans le Côté Obscur en était d’ailleurs affaiblie. Ce n’était pas de la peur – car Maul ne connaissait pas la peur – mais une forme d’appréhension désagréable. Il était inquiet pour l’individu qu’il avait un jour essayé de tuer et qu’il était peut-être encore censé tuer un jour. Pendant plusieurs semaines, il avait erré des heures durant dans le bâtiment de LiMerge, comme un animal domestique qui cherche la piste de son propriétaire...

Mais quand il avait exprimé l’envie de participer à l’expédition sur Eriadu, même si cela signifiait seulement aider les Neimoidiens à se procurer des armes auprès des espèces insectoïdes ou à lancer des chantiers de production sur Alaris Prime et d’autres planètes éloignées, son Maître avait rejeté l’idée.

Tu n’as aucun rôle à jouer là-dedans, avait-il dit sans explication et – en compensation, pensait Maul – il lui avait fourni le schéma de l’iris sombre.

Ce rejet aussi avait déclenché chez Maul des questions d’un genre nouveau. Entre tous les individus de la galaxie, le Seigneur Noir l’avait choisi comme Apprenti et successeur éventuel. Pourtant, Dark Sidious avait négligé de lui fournir les outils dont il aurait besoin pour faire avancer l’impératif Sith. Malgré toutes ses tentatives pour se familiariser avec le paysage politique et les organisations criminelles – dont certaines étaient alliées à Dark Sidious et d’autres travaillaient à saboter ses plans –, Maul n’avait qu’une compréhension limitée du fonctionnement de la galaxie. Il comprenait que les Sith étaient en guerre contre l’Ordre Jedi et pas contre la République mais il ne saisissait pas vraiment quelle forme cette revanche devait prendre. Que se passerait-il s’il arrivait quelque chose de fâcheux à son Maître ? Y avait-il une solution de rechange ? Contrairement à Dark Sidious, qui se glissait dans la peau du Sénateur de la République Palpatine et débattait de questions complexes au Sénat, Maul n’avait pas d’identité secrète. Avec ses yeux jaunes et sa tête surmontée de cornes, son masque rouge et noir où s’affichaient des scarifications impénétrables, dès qu’il rôdait aux abords du quartier industriel en pleine nuit, il instillait la peur chez presque tous ceux dont il croisait le regard. Maul s’attendait à ce que sa vie change quand Dark Sidious l’avait installé sur Coruscant. Mais, au contraire, il avait l’impression d’être revenu à l’époque où il s’entraînait au combat sur Orsis, quand il attendait l’autorisation de se battre, espérait des félicitations et des récompenses mais ne recevait jamais que l’ordre de s’entraîner toujours plus. Les visites occasionnelles de son Maître lui avaient permis de supporter l’isolement et le vide de son existence. C’est seulement quand sa formation aux arts Sith avait commencé qu’il s’était senti unique, déterminé...

Mais il n’était toutefois pas complètement désespéré.

Dark Sidious faisait parfois allusion à une mission de la plus haute importance, qu’ils devraient exécuter ensemble : une mission qui ferait appel à tous leurs pouvoirs. Il ne lui avait pas encore confié le moindre détail, même dans le cadre de la préparation de Maul. Mais il continuait à sous-entendre que la mission approchait. Et, de plus en plus, Maul sentait qu’elle était liée, d’une manière ou d’une autre, à la planète natale de son Maître, Naboo.

 

Comme le Roi Veruna avait requis sa présence, Palpatine interrompit sa route vers le sommet d’Eriadu pour faire étape sur Naboo. Le spatioport était encombré de vaisseaux de conception inhabituelle et Theed fourmillait de citoyens qui avaient envahi les rues et les avenues autour de la place du Palais pour écouter parler la jeune Padmé Naberrie. Au palais, la salle du trône formait un contraste détonnant avec l’atmosphère joyeuse de la foule enthousiaste. La salle accueillait une fête extravagante, apparemment organisée comme une sorte de contre-événement. Les sympathisants de Veruna les plus corrompus parmi tout l’électorat et plusieurs dizaines d’individus louches étaient venus d’autres planètes pour assister à la fête. L’annonce de l’arrivée de Palpatine fut accueillie par des insinuations à voix basse, qui continuèrent quand on le fit asseoir à la table du Roi, face à Veruna, coincé entre Kun Lago et Magneta, le chef de la sécurité.

Veruna fit un geste de son sceptre pour le décorum et salua Palpatine avec un sourire exagéré :

 Bienvenue, Palpatine, balbutia-t-il car il avait déjà beaucoup bu.

Il frappa dans les mains et ajouta :

 Apportez du vin pour l’illustre Sénateur de Naboo.

 Merci, Majesté, dit Palpatine, qui entrait dans le jeu hypocrite de Veruna. Cela fait trop longtemps que je n’ai pas bu de vin de fleurs.

Veruna frappa du poing sur la longue table en bois.

 Alors amenez-lui deux verres et faites couler le vin jusqu’à ce que sa soif soit étanchée.

Palpatine se laissa aller contre le dossier de sa chaise tandis que les serviteurs se hâtaient d’honorer les ordres de Veruna. Les deux extrémités de la table étaient occupées par des individus qu’il connaissait de réputation seulement. À l’extrême droite de Veruna se trouvait Alexi Garyn, à la tête du Soleil Noir, l’organisation criminelle. À sa gauche, surélevée par des coussins, une femme Hutt qui n’était autre que Gardulla, de Tatooine. Elle se prélassait en aspirant la fumée d’une pipe à eau. Son escorte comptait deux humanoïdes dont les uniformes militaires signalaient l’appartenance au groupe terroriste Bando Gora.

Voici encore des arguments pour Padmé Naberrie, pensa-t-il.

 Dites-nous, Palpatine, reprit Veruna après avoir essuyé sa bouche sur la manche de sa robe bariolée, qu’est-ce qui vous a poussé à proposer ce sommet sur Eriadu ?

Palpatine fit semblant de ne pas apercevoir les verres de vin.

 Le sommet offrira une excellente opportunité pour tous les participants d’exprimer leur opinion et leurs doléances au sujet de la taxation des zones d’échange.

 Je suis certain que vos amis de la Fédération du Commerce vous en sont très reconnaissants.

Palpatine attendit que les rires se dissipent, content que la conversation prenne la tournure qu’il souhaitait.

 L’enjeu de ce qui émergera de ce sommet est énorme pour Naboo, Majesté.

 Ah, alors c’est pour Naboo que vous l’avez organisé.

Veruna éleva la voix pour que tous les convives l’entendent :

 Palpatine a organisé ce sommet pour les intérêts de Naboo !

Son expression se durcit et il se pencha en avant :

 Et vous pensiez sans doute aussi à Naboo quand vous avez approché les Naberrie pour leur suggérer que leur fille se présente face à moi aux prochaines élections.

 Réfléchissez à deux fois avant de nier, lui dit Magneta posément.

Lago se pencha pour ajouter :

 Mon fils était présent quand vous avez émis cette proposition.

 Il était aux côtés de Padmé Naberrie, si je ne me trompe, dit Palpatine d’un ton faussement conspirateur.

Pendant que Lago essayait de comprendre, il regarda Veruna :

 Nous avons discuté du mouvement des réfugiés. Le monarque lui jeta un regard noir puis fit un geste dédaigneux du bout des doigts.

 Les dés sont jetés. Et j’ai bien peur que cela ne vous concerne aussi, Sénateur.

Il fit un autre grand geste en direction de la place du Palais et dit :

 Vous pensez vraiment que cette petite arriviste politique peut m’évincer ? La fille de paysans de la montagne ?

Palpatine haussa les épaules.

 La foule qu’elle a attirée semble le penser.

 Des idéalistes, dit Veruna plein de mépris. Des passéistes. Ils sont nostalgiques du Naboo d’il y a cinquante ans mais leur rêve n’est pas près de se réaliser.

Il pointa un doigt sous le nez de Palpatine.

 Mon premier acte officiel après ma réélection sera de vous révoquer comme Sénateur.

Il regarda Lago.

 Kun sera le nouveau représentant de Naboo.

Palpatine fronça les sourcils, d’un air faussement déçu.

 Janus Greejatus serait un meilleur choix.

Veruna s’énerva.

 Une recommandation de votre part équivaut à une condamnation ! Et je vous conseille fortement de rester sur Coruscant car vous n’êtes plus le bienvenu sur Naboo.

Il baissa la voix :

 N’oubliez pas que j’ai des informations qui peuvent vous détruire, Palpatine, de la même façon que vous, les Naberrie et bien d’autres essayez de me détruire.

Les convives se turent tandis qu’un escadron de chasseurs stellaires N-l passait devant les fenêtres voûtées pour perturber le rassemblement sur la place.

Palpatine sourit :

 Les Naboos seront heureux de voir que votre force spatiale sert au moins à quelque chose, Majesté.

Le visage bouffi de Veruna s’empourpra.

 Plus que vous ne l’imaginez. Je vous ai dit que j’avais l’intention de mettre un terme à notre partenariat avec la Fédération du Commerce et avec Hego Damask. Je le ferai.

Palpatine jeta un coup d’œil en direction de la Hutt et de ses sous-fifres du Bando Gora.

 Avec l’aide de vos nouveaux partenaires. Et que ferez-vous ? Vous chasserez du Secteur Chommell les transports de la Fédération du Commerce ? Vous défierez ouvertement Damask ?

 Damask a trahi tout le monde. Demandez à Gardulla. Demandez à Alexi Garyn. Le Muun aurait dû retenir la leçon, il y a trente ans, quand les Grans se sont attaqués à lui.

Cette remarque fit secrètement plaisir à Palpatine. Et vous commettez la même erreur fondamentale qu’eux.

 Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il n’a pas retenu la leçon ?

Veruna commença à parler mais retint ce qu’il avait l’intention de dire. Il se reprit :

 À partir de maintenant, Naboo gérera ses propres ressources. Gardulla et le Soleil Noir superviseront l’exportation de plasma et l’importation de marchandises, le Bando Gora protégera nos intérêts dans les voies spatiales. C’est dommage que vous ne fassiez pas partie de cette belle dynamique.

 C’est dommage, c’est sûr, répéta Palpatine en se mettant debout. En attendant que vous me remplaciez, Majesté, je continuerai à agir pour le plus grand intérêt de Naboo, sur Eriadu et sur Coruscant. Si je vois Damask, je ne manquerai pas de lui dire qu’il a sous-estimé... vos ambitions.

Veruna soutint son regard.

 Ne vous tracassez pas inutilement, Palpatine. Vous ne le reverrez pas.

 

Le respirateur fixé sur son visage, Plagueis se déplaçait avec agilité et détermination dans les pièces glacées qui abritaient vingt années d’expérimentation. La plupart des cages et des cellules étaient vides maintenant : les captifs qu’elles contenaient avaient été libérés. Plagueis se demanda si les forêts de greel de Sojourn deviendraient une sorte de laboratoire, un grand bois écarlate qui servirait de repaire aux mutants. 1-1-4D passa devant lui, des boîtes de rangement en alliage empilées sur ses quatre appendices.

 Assure-toi que toutes les données ont été effacées de façon définitive, lui demanda Plagueis.

Le droïde hocha la tête.

 Je vérifierai pour la troisième fois. Magister Damask.

 Eh, 4D, va dire aux Gardes du Soleil que je les contacterai sur Thyrsus.

 Je m’en occuperai, Magister.

Plagueis entra dans la pièce qui lui avait servi de chambre de méditation. Bien que l’espace haut de plafond soit déjà profondément inscrit dans sa mémoire, il examina en silence les quelques meubles, comme s’il cherchait un détail qui lui aurait échappé. Ses yeux s’attardèrent sur la petite antichambre dans laquelle Sidious et lui étaient assis quand ils avaient provoqué le bouleversement. La puissance de ce souvenir était telle qu’il fut catapulté dans un moment de rêverie intense.

Il était conscient depuis un moment que Sidious était de plus en plus critique envers ses recherches pour débusquer les secrets de la vie éternelle. Sidious trouvait certainement que Plagueis était trop investi dans son projet, au détriment du Grand Plan, que Plagueis accordait plus d’importance à sa propre survie qu’à celle des Sith. Entre-temps, Sidious, lui, avait pris en charge la préparation puis l’exécution des manœuvres tactiques qui les placeraient tous deux au pouvoir sur Coruscant.

Sidious pilotait les événements galactiques de la même manière que Plagueis surveillait les courants du Côté Obscur. Cet arrangement était le bon car Sidious avait un don pour le subterfuge qui dépassait les talents de n’importe quel Seigneur Sith avant lui, y compris Bane lui-même.

Plagueis trouvait amusant que Sidious ait désormais la même opinion de lui que Plagueis avait de Tenebrous à la fin de son long apprentissage. Tenebrous se fiait plus à la science Bith et aux projections des ordinateurs qu’aux arts Sith... Mais Plagueis comprenait que le moment était venu pour lui de rejoindre le monde réel et d’être aux côtés de Sidious pour assurer la réalisation de cette phase essentielle du plan : l’ascension de Palpatine à la Chancellerie et la nomination de Hego Damask au poste de co-Chancelier de la République. Hego Damask l’Éternel, comme on finirait par le découvrir. Quand tout cela serait derrière eux, ils pourraient se consacrer à une tâche plus rude encore : l’élimination de l’Ordre Jedi.

Les tergiversations de Maître Dooku au sujet de son départ de l’Ordre ne le surprenaient pas. Yoda avait enlevé Dooku de Serenno mais il n’avait pas enlevé Serenno à Dooku. Vingt ans plus tôt, Plagueis avait repéré les manifestations du Côté Obscur en lui et avait tenté depuis – chaque fois qu’il le pouvait – de faire éclore toujours plus de ces pouvoirs latents. Sur Galidraan, suite au complot du gouverneur local et des membres des Death Watch pour attirer les Jedi dans une confrontation directe avec les Mandaloriens Véritables, sur Yinchorr et Malastare aussi et, plus récemment, grâce aux efforts de Sidious, sur Asmeru et Eriadu. Dooku était déjà puissant dans la Force, entraîné au combat et diplomate. En d’autres circonstances, il aurait pu devenir un partenaire fort. Sauf que Dooku, contrairement au Zabrak Dathomirien entraîné par Sidious, ne se contenterait jamais de servir comme Apprenti ou comme simple assassin. Il exigerait de devenir un Sith à part entière et cela causerait des ennuis. Une meilleure approche serait de laisser Dooku trouver lui-même la voie vers le Côté Obscur – à tout le moins vers la version du Côté Obscur qui lui serait accessible par l’étude des holocrons Sith en possession des Jedi. Mieux valait le laisser quitter l’Ordre de son propre chef et devenir le porte-parole bienveillant des laissés-pour-compte, comme on pouvait l’attendre d’un individu de sa stature. Oui, mieux valait le laisser persuader les planètes et les systèmes de faire sécession de la République et fomenter une guerre civile dans laquelle les Jedi pourraient être attirés...

Un concert de klaxons mit un terme soudain à ses songeries.

Le temps presse.

1-1-4D revint à une vitesse très rapide pour un droïde.

 Cinq vaisseaux de combat ont été détectés, Magister.

 En avance sur l’horaire.

 Vos ennemis ont peut-être été avertis que leur plan d’attaque risquait d’échouer.

 C’est une excellente supposition, 4D. Le vaisseau est prêt ?

 Il vous attend, Magister.

Plagueis jeta un dernier coup d’œil à la ronde et sortit en toute hâte par la porte béante qui menait à la cour. L’élégant vaisseau conçu par Rugess Nome et fabriqué par Raith Sienar n’attendait que lui. Librement inspiré d’un courrier assez répandu sous l’ancien Empire Sith, l’lnfiltrator avait l’air de surgir du passé. Il faisait à peine moins de trente mètres de long, son fuselage avait la forme d’une fléchette, avec deux courtes ailes là où auraient pu se trouver les plumes. Ces ailes dépassaient de la cabine de pilotage ronde et se terminaient par des panneaux radiateurs incurvés qui formaient des sortes de parenthèses autour de la cabine. Mais ce qui rendait ce vaisseau unique, c’était son bouclier d’invisibilité généré par des cristaux de stygium, qui occupaient une bonne partie de la longue proue effilée du fuselage.

Quand Plagueis pénétra dans le cockpit, 1-1-4D abandonna l’unique siège de pilotage pour l’un des sièges installés contre la paroi de la cabine, à l’arrière.

 Les systèmes sont activés, Magister. Plagueis se cala dans le siège pivotant, attacha son harnais de sécurité, agrippa le manche du vaisseau et fit monter l’lnfiltrator en flèche au-dessus des hauts murs du vieux fort avant de foncer dans le ciel opaque de Sojoum, devenant invisible pour tous les scanners. Les premiers faisceaux d’énergie de la flottille ennemie striaient déjà la forêt de greel, projetant la végétation au sol et provoquant des tempêtes de feu. Les créatures qui avaient été clouées exclusivement pour la lune allaient connaître une nouvelle extinction, pensa Plagueis. Une seconde salve de faisceaux laser frappa la tour, là où il avait passé tant d’heures à méditer. La haute structure s’effondra dans la cour. À l’extérieur de l’Infïltrator, l’air devenait brûlant et les vents soufflaient en rafale suite aux explosions au sol. Au loin, à tribord, la lumière des étoiles se reflétait sur un vaisseau de combat qui fonçait vers la surface de la planète.

Des batteries de turbolaser ripostèrent avec des tirs antiaériens défensifs. On aurait dit que le ciel était en guerre contre lui-même. À la frontière de l’espace, de brèves explosions signalaient que la capacité de défense des vaisseaux visés était dépassée. Mais d’autres parvenaient à franchir le barrage pour réduire en cendres des bandes de forêt et arracher d’énormes pans de roche de l’escarpement. Le sol trembla et de grandes colonnes de fumée s’élevèrent vers le ciel. Une batterie antiaérienne explosa, puis une autre, emportant avec elles tout un mur du fort.

Plagueis examina les panneaux d’affichage du cockpit tandis que l’Infïltrator continuait à prendre de la hauteur et de la vitesse, filant à travers la fumée et les nuages fuyants.

 Les coordonnées du lieu de rendez-vous sont déjà programmées dans le navordinateur, dit 1-1-4D dans son dos. La fréquence de comm est également présélectionnée.

Plagueis pivota vers le navordinateur alors que des chocs violents secouaient encore le vaisseau. Il avait placé une main sur le clavier de l’appareil quand le ciel sembla projeter une sphère de lumière aveuglante. Après un moment de calme absolu, une cascade d’énergie infernale s’abattit sur ce qui restait du fort et une onde d’explosions irradia vers l’extérieur, rasant tout dans un rayon de vingt kilomètres.

L’Infiltrator fut soulevé comme un oiseau pris dans une bulle thermique et, pendant un moment, les systèmes du vaisseau ne répondirent plus aux commandes.

Plagueis était cloué dans son siège par la rage et l’incrédulité.

Veruna et ses acolytes

 Gardulla, le Soleil Noir et le Bando Gora – étaient parvenus à mettre la main sur un engin nucléaire interdit. Aucun des Gardes du Soleil n’avait pu survivre à l’explosion ; ils ne méritaient de toute façon pas d’être encore en vie. En effet, les armes nucléaires étaient rares et les Echanis avaient visiblement oublié de vérifier auprès des quelques fournisseurs du marché noir qui pouvait y avoir accès.

Une colonne de feu et de fumée déchirait le ciel, se déployant dans l’atmosphère raréfiée pour former un nuage en forme de champignon. Les forêts de greel étaient transformées en friches noircies, le fort réduit en scories et en débris vitrifiés. Profondément bouleversé, Plagueis se rendit compte qu’il n’avait pas ressenti d’émotion aussi forte depuis qu’il avait dit adieu à Mygeeto des décennies plus tôt et s’en était remis à Dark Tenebrous.

L’Infiltrator reprit son cap et s’éleva loin de la tourmente. Les étoiles se rapprochèrent et le vaisseau fut tout à coup libéré de la gravité de la lune puis attiré dans l’étreinte puissante de la planète parente de Sojourn. Ils avaient à peine atteint son côté nocturne que la console comm émit un message au ton urgent :

 Magister Damask, nous ne trouvons aucune trace de votre vaisseau sur nos scanners mais nous pensons que vous êtes là quelque part.

Plagueis désactiva le champ de dissimulation du vaisseau et pivota vers la console.

 Star Jewel, ici Damask. Vos scanners devraient pouvoir nous repérer, à présent.

 Affirmatif, Magister Damask. Vous pouvez vous rendre au hangar 4.

Il aperçut un croiseur de taille gargantuesque et de design tape-à-l’œil à mi-chemin du sol. Le vaisseau en forme de pointe de flèche était lourdement armé et assez grand pour abriter une demi-douzaine de chasseurs stellaires. Tandis que Plagueis manœuvrait dans sa direction, les haut-parleurs du système comm furent secoués par un rire sonore.

 J’espère qu’un jour je parviendrai à vous convaincre de partager le secret de votre vaisseau invisible, Magister Damask.

 J’apprécie votre ponctualité, Jabba Desilijic Tiure. J’apprécie également les renseignements que vous m’avez fournis à l’avance et qui m’ont permis d’éviter de me faire atomiser.

 C’est ainsi que l’on renforce les partenariats durables, Magister. Quelle est notre destination ?

 Coruscant, répondit Plagueis. Mais j’ai encore une faveur à vous demander avant que nous arrivions à bon port.

 Dites-moi simplement de quoi il s’agit et ce sera fait.

 Arrangez-moi une communication avec Naboo. Je dois faire comprendre au Roi Veruna qu’il vient de se mettre dans une très mauvaise posture, lui et tous ses acolytes.

Jabba s’esclaffa à nouveau.

 Tout le plaisir sera pour moi.

Star Wars - Dark Plagueis
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